Spleen
Je suis pressé par le temps
Je suis ici un instant
Mon cœur battant culbutant
Mon corps indolent mutant
Traînant son poids de mélancolie
Teint blanc fatigué rasé de près
Chevelu la raie définie
Je suis un homme civilisé
Je sors dans la rue
Déjà parcourue
Chemin monotone
Tristesse encourue
Je foule d’un pas léger
Et nonchalant les pierres
Ancestrales vanités
De leurs hôtes éphémères
Je serai bientôt moi aussi
Une pierre qui ne parle jamais
Grise et qui pourtant transpire triste
Ce qu’elle est de polie désuet
Suis-je déjà mort
Je passe le fleuve
Il coule bien encore
Le clocher me donne l’heure
Ô pays maudits
Où le ciel est bas
Où le ciel est gris
Où l’on met le feu à ses rêves
Pour me réchauffer pour une trêve
Je veux te rejoindre mon amour
Au bord des flots le long de la grève
Et retrouver là mon espérance
Ô pays maudits
Où le ciel est bas
Où le ciel est gris
Ô pays maudits
Où je suis si loin de toi
Le spleen du passant est un poème extrait de Bleu cheval bleu, recueil de poésies composé, réalisé et produit par François Tournié.